CLINICAL STUDIES / ETUDES CLINIQUES
NEVRALGIES CERVICO BRACHIALES COMMUNES DANS LE SERVICE DE NEUROCHIRURGIE DE L’HOPITAL PRINCIPAL DE DAKAR : ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES, CLINIQUES ET THERAPEUTIQUES.
COMMON CERVICO BRACHIAL NEURALGIA IN THE NEUROSURGERY DEPARTMENT OF THE MAIN HOSPITAL OF DAKAR: EPIDEMIOLOGICAL, CLINICAL AND THERAPEUTIC ASPECTS.
RESUME
Introduction
La Névralgie Cervico-Brachiale (NCB) est une pathologie relativement fréquente dans la pratique courante. Le but de notre étude était d’étudier les aspects épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des NCB communes dans notre contexte.
Méthodes
Il s’agissait d’une étude rétrospective descriptive d’une durée de 5 ans (1er Janvier 2012 – 31 Décembre 2016) portant sur 182 dossiers de patients ayants une NCB commune reçus en consultation externe dans le service. Etaient inclus tous les patients qui présentaient une NCB de cause commune vus en consultation externe dans le service, ayant bénéficié au moins d’une radiographie standard et pris en charge dans notre service durant cette période.
Résultats
Au cours de notre étude, 116 hommes et 66 femmes ont été retrouvés. L’âge moyen était de 58,2 ans [26 – 92]. Les retraités étaient les plus touchés (24,18%). La NCB gauche était la plus fréquente soit 42,31%. Nos patients étaient vus relativement tôt en consultation dans 76 cas soit 41,76% et présentaient tous une douleur ayant motivé au moins la demande d’une radiographie cervicale. La topographie mono radiculaire était la plus fréquente (80,21%) et intéressait particulièrement la racine C7 (29,12%) et la racine C6 (27,47%). La cervicarthrose était la principale étiologie des NCB communes et impliquait 121 cas soit 66,48%. Les antalgiques étaient les médicaments les plus utilisées (90,66% des cas). La rééducation était pratiquée dans 26,37% des cas et la chirurgie réalisée dans 4,94% des cas. Nos résultats après la prise en charge ont été jugés satisfaisants chez 107 patients soit 58,79%, moyens chez 53 patients soit 29,12% et mauvais chez 22 patients soit 12,09%.
Conclusion
Les NCB communes sont relativement fréquentes malgré la rareté des études sur ce sujet. Le résultat de la prise en charge généralement satisfaisant, dépend de sa rapidité et de son efficience.
Mots clés : Névralgies cervicobrachiales, cliniques, thérapeutiques
ABSTRACT
Introduction
Cervico-Brachial Neuralgia (CBN) is a relatively common pathology in common practice. The purpose of our study was to study the epidemiological, clinical and therapeutic aspects of common CBNs in our context.
Methods
This was a retrospective study of descriptive type lasting 5 years (1st January 2012 to 31 December 2016) involving 182 files of patients with a common CBN received in external consultation in the service. All patients who had a common CBN received at the outpatient’s consultations, who received at least a standard X-ray and were cared for in our ward during this period were included.
Results
In our study 116 males versus 66 females were found. The mean age was 58,2 years [26 – 92 years]. Pensioners were the most affected (24.18%). The left CBN was the most common, 42.31%. Our patients were seen relatively early in consultation in 76 cases or 41.76% and all had pain that motivated at least the request for a cervical X-ray. Mono-radicular topography was the most common (80.21%) and of particular interest to root C7 (29.12%) and root C6 (27.47%). Cervicarthrosis was the main etiology of common CBNs and involved 121 cases or 66.48%. Analgesics were the most widely used drugs (90.66% of cases). Rehabilitation was carried out in 26.37 per cent of cases and surgery was carried out in 4.94 per cent of cases. Our post-management results were found to be satisfactory in 107 patients or 58.79%, mean in 53 patients or 29.12% and poor in 22 patients or 12.09%.
Conclusion
Common CBNs are relatively common despite the scarcity of studies on this topic. The result of the generally satisfactory care depends on its speed and efficiency.
Key words: Cervico-brachial neuralgia, clinics, therapeutics
INTRODUCTION
La névralgie cervico-brachiale (NCB) se définit comme une douleur du membre supérieur dont l’origine est le rachis cervical. Cette douleur résulte de la souffrance d’une ou de plusieurs racines nerveuses constitutives du plexus brachial (racines C5 à T1), au niveau du rachis cervical. On distingue les NCB mécaniques et les NCB symptomatiques d’une affection tumorale ou infectieuse. Les NCB mécaniques se subdivisent en NCB dites communes par uncodiscarthrose et en NCB par hernie discale molle (16). Les NCB communes surviennent surtout après 40 ans et touchent en grande partie les hommes (7,10,13) Cette pathologie est relativement fréquente dans la pratique courante et son incidence annuelle, ajustée est estimée à 83 pour 100.000 personnes (6). Cependant, malgré sa fréquence, cette pathologie reste très peu rapportée dans la littérature. Ainsi en France, elle est nettement moins étudiée que la névralgie sciatique (5). La rareté des études sur la NCB en Afrique, en général et au Sénégal en particulier, a motivé la réalisation de cette étude. Le but de notre étude était donc d’étudier les aspects épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des NCB dans notre contexte.
MATERIELS ET METHODE
Il s’agissait d’une étude rétrospective de type descriptif d’une durée de 5 ans (1er Janvier 2012 au 31 Décembre 2016) portant sur les dossiers de patients ayants une NCB commune. Etaient inclus tous les patients qui présentaient une NCB de cause commune vus en consultation externe dans le service, ayant bénéficié au moins d’une radiographie standard et pris en charge dans notre service durant cette période. Les paramètres étudiés ont été appréciés sur la base de la symptomatologie douloureuse, tout en tenant compte de l’évolution et de la régression des signes cliniques. Ils étaient classés satisfaisants, moyens ou mauvais selon l’intensité de la douleur. La saisie et l’analyse des données ont été faites à l’aide des logiciels Word, Excel du pack Office 2016, et Epi info version 7.2.
RESULTATS
Pendant cette étude, 3190 patients étaient reçus en consultation externe dans le service dont 182 (5,70%) pour une NCB commune. La population masculine s’est avérée la plus touchée (116 hommes/66 femmes) avec un sex-ratio de 1,76. La figure 1 résume la répartition des patients selon les tranches d’âge. Les retraités étaient les plus touchés (44 cas) soit 24,18%. Plus de deux tiers des patients soit 122 (67,03%) n’avaient pas d’antécédent médical et 171 (93,96%) n’avaient pas d’antécédent chirurgical. La NCB gauche était la plus fréquente (77 cas) soit 42,31%. Le tableau I résume la répartition des patients selon le délai de prise en charge. La totalité des patients avaient une douleur et avaient tous bénéficié d’une radiographie cervicale, d’une IRM cervicale dans 29,67% des cas et d’un scanner cervical dans 18,13% des cas.
Le tableau II résume la répartition des patients selon la topographie de la racine atteinte. La cervicarthrose était la principale étiologie des NCB communes et impliquait 121 cas (66,48%) suivie de la hernie discale qui impliquait 49 cas (26,92%). L’absence de pathologie associée a été notée dans 130 cas (71,43%), les lomboradiculalgies étaient associées dans 43 cas (23,63%). La figure 2 résume la répartition des patients selon le type de traitement médical. La rééducation était pratiquée chez 48 patients (26, 37%). La chirurgie était réalisée chez 9 patients (4,94%) parmi lesquels six discectomies par voie antérieure avec des bons résultats postopératoires et trois laminectomies par voie postérieure avec deux bons résultats et une tétraplégie au 32ième jour post opératoire. Nos résultats après la prise en charge ont été jugés satisfaisants chez 107 (58,79%) patients, moyens chez 53 (29,12%) patients et mauvais chez 22 (12,09%) patients.
DISCUSSION
Cette étude a donc essayé de déterminer les aspects épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des NCB communes dans notre contexte. L´incidence observée (5,70%) concorde avec la moyenne retrouvée dans la littérature : 3,19% (1) ; 5% (14). L’amélioration des moyens diagnostics de cette NCB peut expliquer en partie son incidence considérable. Cependant il faut noter qu’elle reste une pathologie beaucoup moins fréquente que la sciatique (5). La moyenne d’âge de notre population d’étude (58,2 ans) est plus élevée que celle retrouvée dans la littérature (5,14). Cela s’explique par le fait que les retraités (sujets âgés) étaient les plus nombreux dans notre échantillon et par l’augmentation des lésions dégénératives avec l’âge. Nous avons noté une prédominance masculine (116 hommes/66 femmes) avec un sex-ratio de 1,75 qui n’est pas systématiquement retrouvée dans la littérature. Au Mali on note une prédominance féminine et en France pas de différence significative entre les deux sexes (5). Cette prédominance masculine dans notre étude peut être due à la nature des travaux (travail de force) qu’exercent les hommes et l’utilisation du segment cervical pour des efforts répétitifs. Les retraités étaient les plus nombreux dans notre étude contrairement à Maiga et al au Mali (12) qui avaient trouvé une plus grande proportion des ménagères. Cela s’expliquerait par le fait que la NCB est une maladie du sujet âgé et que la tranche d’âge la plus atteinte (60-69 ans) dans notre série est l’âge de la retraite au Sénégal. Dans notre série, 122 (67,03%) patients n’avaient pas d’antécédent médical et 171 (93,96%) n’avaient pas d’antécédent chirurgical. Ces données sont conformes à celles de Bouvier (5) qui affirme que la plupart du temps la NCB n’a pas de rapport avec l’antécédent du patient. La topographie de la névralgie prédominait à gauche, soit 77 cas (42,31%). Ce résultat confirme celui de Bentaleb (4) mais diffère de celui de Bouvier (5) qui note une répartition équivalente entre les deux cotés et la rareté des formes bilatérales soit 2,0%. Nos patients ont été le plus souvent consultés dans les trois mois suivant le début de leur symptomatologie, ce qui est relativement tôt comparé à 9 mois (17) et 10 mois (2). Cette différence pourrait s’expliquer par la fréquentation de plus en plus précoce des structures sanitaires par nos populations, notamment les fonctionnaires pour lesquels l’accès dans notre structure est encore plus facile. La douleur rachidienne cervicale, principal signe fonctionnel était présente chez tous les patients. Ce constat est largement retrouvé dans la littérature (1,6,9) et serait en rapport avec les lésions inflammatoires sous-jacentes. Les examens complémentaires ont été demandés en fonction de la clinique du patient. Ainsi, la totalité de nos patients a bénéficié d’une radiographie standard révélant une cervicarthrose dans 121 (66,48%) cas. Ce résultat est comparable à ceux de la littérature (3,5,6,9) qui rapporte chez 80% de ses patients une NCB de type disco-vertébrale dégénérative. Une IRM cervicale a été réalisée dans 29,67% des cas et un scanner cervical dans 18,13% des cas. Nous avons noté une souffrance radiculaire concernant essentiellement les racines C7 et C6. Des résultats similaires sont rapportés dans la littérature (5,11,15). Les causes de cette atteinte préférentielle de racines C7 et C6 ne sont pas bien connues. La NCB commune était isolée dans 130 (71,43%) cas. Cela s’expliquerait par le fait qu’en dehors de l’arthrose, (entrainant également des lomboradiculalgies : 43 (23,63%) cas dans notre série) la NCB n’est dépendante d’aucune autre pathologie. Le traitement médical reste de nos jours la pierre angulaire du traitement des NCB commune, ainsi notre approche a été d’associer un antalgique (90,66% des cas), un AINS (87,37% des cas), un antalgique + AINS (84,62% des cas), un complexe de vitamines B (0,02% des cas) et un myorelaxant (9,34% des cas). Nous n’avons pas utilisé des corticoïdes ou des infiltrations car la plupart de nos patients répondaient bien au traitement. Dans les cas d’échec du traitement médical, on a associé une rééducation fonctionnelle chez plus d’un quart des patients (26, 37%) ; et la chirurgie chez 9 (4,94%) patients, en réalisant donc chez 6 patients une discectomie par voie antérieure avec des bons résultats postopératoires, et chez 3 patients une laminectomie par voie postérieure avec deux bons résultats et une tétraplégie au 32ième jour post opératoire. Ces résultats s’accordent à la série de Dubuisson (8). La grande majorité de nos patients (58,79%) ont eu une évolution satisfaisante après prise en charge, (29,12%) avaient un résultat jugé moyen et (12,09%) avaient un mauvais résultat. Ces résultats sont similaires à ceux déjà publiés en Europe et en Afrique (5,6,12) et pourraient être liés au fait que les patients étaient pris en charge par différents praticiens. En pratique, devant un mauvais résultat après prise en charge adaptée des NCB, le clinicien doit évoquer l’hypothèse d’une NCB secondaire.
CONCLUSION
Le diagnostic de la NCB commune est clinique et survient généralement après 40 ans avec une prédominance masculine. Les cervicarthroses constituent les principales étiologies et le traitement médical à base d’antalgiques, d’anti-inflammatoires, de complex de vitamines B, de myorelaxants est le plus utilisé dans notre contexte parfois associée à la rééducation et à la chirurgie. L’évolution de cette pathologie est liée à la précocité du diagnostic et l’adaptation de la prise en charge. La grande fréquence de la NCB commune ne doit pas faire méconnaître la possibilité des NCB symptomatiques révélatrices d’autres affections plus graves.
Tableau I : Répartition des patients selon le délai de prise en charge
Délai de prise en charge Phases Effectif % ≤ 3 mois Aigue 76 41,76 3 à 6 mois Subaiguë 15 8,24 ≥ 6 mois Chronique 36 19,78 Indéterminé Indéterminé 55 30,22 TOTAL 182 100
Tableau II : Répartition des patients selon la topographie de la racine atteinte
Atteinte mono-radiculaire C4 C5 C6 C7 C8 TOTAL 6,04% 13,74% 27,47% 29,12% 3,84% 80,21% Atteinte bi-radiculaire C4-C5-C6 C5-C6 C5-C6-C7 C5-C6-C7-C8 TOTAL 0,55% 3,30% 6,04% 9,90% 19,79%
REFERENCES
ADISSA H. Névralgies cervicobrachiales : étude épidémiologique et clinique dans le service de Rhumatologie de l’Hôpital Point G. Thèse Med Bamako 2009; 109p. ALIFDAL M, LMEJJATI M, EL ABBADI N, BELLKHDAR F. Les hernies discales cervicales chirurgicales. Med Maghreb 2000;83:21-4. BEN HADJ YAHIA CH, HAMDI W, CHAABOUNI L, ABDELMOULA L, KCHIR M M, ZOUARI R. L’étude des névralgies cervicobrachiales en milieu hospitalier. Tunis Med 2006;66(1):100-10. BENTALEB Z, FADLI M, MAAQUILI N, EL ABBADI, BELLAKHDAR F. Hernies discales cervicales : traitement chirurgical par discectomie et interposition de cage inter somatique. Médecine du Maghreb. 2009, Jan-Fev;163:17-20. BOUVIER M. Clinical semiology of common cervicobrachial neuralgia. J Neuroradiol. 1992 Sep;19(3):146-8. CARIDI JM, PUMBERGER M, HUGHES AP. Cervical radiculopathy: a review. HSS J. 2011 Oct;7(3):265-72. COFER (Collège Français des Enseignants en Rhumatologie). Anatomie et la Physiologie du Rachis, Les Cervicalgies, la Névralgie cervico-brachiale : Connaissance et pratiques. Paris, Édition Masson, 2002 : 775p. DUBUISSON A, LENELLE J, STEVENAERT A. La hernie discale cervicale. Rev Med Liege. 1995 Aug;50(8):332-5. EUBANKS JD. Cervical Radiculopathy: Nonoperative Management of Neck Pain and Radicular Symptoms. Am Fam Physician. 2010 Jan1;81(1):33-40. GOUPILLE PH, FOUQUET. Pathologie disco-vertébrale commune. 2ème
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